La condition des femmes et celle des animaux : analyse d'une proximité politique

Jeudi 21 août après-midi (2/2)

Intervention par Agnese Pignataro et débat

(L'intervention n'a pu être tenue, en raison de l'indisposition de l'intervenante.)

Présentation

Au-délà des déclarations formelles d'antisexisme, fondées sur une perception souvent floue du fait que toutes les dominations seraient «liées», le mouvement pour l'égalité animale s'intéresse très peu à la condition des femmes et à leur rapport avec les animaux non humains.

D'une part, on explique ce rapport simplement par l'attribution aux femmes d'une «plus grande sensibilité», ou «empathie», envers les animaux — avec le sous-entendu implicite que l'approche des hommes à la question animale serait plutôt cérébrale... donc plus objective!

D'autre part, les militantEs du mouvement de base se retrouvent souvent à remplir un rôle subordonné vis-à-vis de leurs camarades mâles: sauf de rares exceptions, elles s'occupent de tâches pratiques (organisation de manifestations, mise en page des revues, cuisine...) alors que les hommes jouent les chefs représentant le mouvement (prise de parole, écriture de textes, élaboration théorique...). Cette distribution de fonctions selon le genre contribue à ce que les idées des femmes au sujet de la question animale aient un poids très limité dans le débat.

À ces difficultés s'ajoute le fait que les critiques des animalistes contre l'utilisation du corps féminin par PETA semblent trahir une certaine ambiguïté du rôle de la femme dans l'imaginaire des militants.

Pourtant, une analyse sérieuse des conditions concrètes de l'assujettissement des femmes (plutôt que de sa transfiguration idéologique) peut fournir des éléments capitaux pour comprendre les modalités de l'exploitation des animaux. Et la découverte de cette proximité est d'autant plus précieuse qu'elle pourrait établir, entre le mouvement pour les animaux et celui des femmes, un contact solide - peut-être plus stable que celui avec le mouvement écologiste.

De fait, les femmes vivent dans leur chair des conditions d'oppressions qui sont proches de celles des animaux. En raison de cette circonstance historique, et non d'une prétendue «empathie» qui leur serait «essentiellement» propre, elles sont pourvues d'un point d'accès privilegié à l'expérience des animaux exploités; autrement dit, elles disposent d'un avantage epistémologique. Ainsi, la prise de parole de la part des femmes au sujet de la question animale doit être respectée et encouragée: leur prise de conscience d'un esclavage commun avec les animaux peut aboutir à la construction d'un positionnement inédit dans le parcours politique de la libération animale.