«Le spécisme absolu»

David Olivier

La conférence a eu lieu le vendredi 27 juillet après-midi, en présence d'environ 63 personnes. Elle n'a pas fait l'objet d'enregistrement audio, mais des notes fournies ont été prises.

Voir les notes prises au cours de la conférence et du débat.

Un article de David Olivier sur ce même thème, «Le spécisme proprement dit», est en cours d'achèvement sur son site personnel.

Résumé par l'auteur

Se développe depuis plusieurs années en France comme ailleurs la conscience du fait que les intérêts des animaux non humains ne comptent pas pour zéro. On en vient, en particulier, à accepter de manger moins de viande «pour l'environnement, les animaux et la santé humaine». Pour positive qu'elle soit, cette avancée laisse en place cette «évidence» selon laquelle les intérêts humains, dès lors qu'ils entreraient en conflit avec ceux des animaux non humains, sont très largement prioritaires. Faut-il oser dire que même si l'élevage et la pêche étaient bons pour l'environnement et la santé humaine, il faudrait les abolir? Même si cette abolition avait un coût important pour les humains? Faut-il oser mettre les humains et les autres animaux sur un pied d'égalité?

Il me semble important dans ce contexte de revenir sur la notion de spécisme. L'antispécisme est un mouvement politique concret et pluriel. Dès lors, les termes «spécisme» et «antispécisme» sont marqués des sens souvent divergents que leur donnent les acteurs concrets. Mais ce sont aussi des termes de philosophie éthique. J'examinerai donc le concept de spécisme dans sa définition la plus dépouillée, celle du spécisme dit «absolu» (James Rachels) ou «sui generis» (David DeGrazia). Le spécisme absolu affirme que le statut éthique d'un être dépend, sans autre justification, de son appartenance d'espèce, et typiquement de son appartenance ou non à l'espèce humaine.

J'argumenterai trois points:

  • Le spécisme absolu est clairement indéfendable.
  • Le rejet du spécisme absolu est une position minimaliste, compatible avec une large palette de positions éthiques et politiques et qui n'est liée à aucune école de pensée particulière (utilitarisme, théorie des droits, marxisme, écologisme, etc.).
  • Le rejet du spécisme absolu n'en possède pas moins des implications fortes; quelles que soient les réalités du monde avec lesquelles il faut composer et les compromis qu'il faut accepter, aucune priorité donnée à un être en fonction de sa simple appartenance d'espèce n'est juste.

Pour ces raisons, je pense que nous devons oser affirmer l'égalité animale.

David Olivier, militant antispéciste progressiste