Représentation de l'élevage des animaux de la ferme, chez les enfants et dans les livres jeunesse

Présentation de Louise Petit du 25/07 après-midi.

Une vidéo et un diaporama seront peut-être publiés.

Enregistrement audio

Un enregistrement audio de cette présentation est disponible (durée 1:08:31).

Compte-rendu de Mata'i

Présentation du 25/07 17h – 18h10.

Louise Petit fait sa présentation à distance, en direct sur un logiciel de visioconférence.
15 personnes présentes dans la salle.

Louise Petit s’intéresse aux représentations et connaissances de l’élevage qu’ont des enfants de 6 à 10 ans, et à la représentation de l’élevage dans les livres pour enfants. Pour étudier les enfants, elle s’est rendue dans 5 classes d’école primaire, où elle a utilisé différentes techniques : les entretiens collectifs, les expériences de dessin, un exercice « quelle image est la plus réelle ? », un atelier « quel animal se cache derrière tel emballage alimentaire ? ». Elle a fait appel à Dominique Droz et Dominic Hofbauer pour travailler ce sujet. Quant aux livres, elle a constitué un corpus « livres jeunesse » d’une douzaine d’ouvrages.

Ce qui en ressort :

Sur « l’élevage industriel » :

  • Peu d’enfants savent de quoi il s’agit (rappel : ils ont 6-10 ans). Environ 1/3 seulement donne une réponse, rarement exacte et exhaustive : « les animaux sont élevés dehors, c’est un élevage non bio, quant tu es élevé tout seul ».
  • Côté ouvrages, les livres sont plutôt honnêtes, même s’ils utilisent des euphémismes (« les élevages industriels sont des endroits où les animaux n’ont plus le temps de rêver »).

Sur les conditions d’élevage :

  • La majorité des images de cochons montre des animaux placés en extérieur, sur de l’herbe, en famille… quand un livre évoque une cage, il la montre en petit, en faisant un mélange de photos qui laisse croire que la truie sourit, est heureuse, repose sur de la paille. Et c’est présenté comme une mesure pour le bien de l’animal : « elle est parfois maintenue en cage pour ne pas écraser ses petits ». Les cochons semblent en bon état, souriants. On trouve toutefois un ouvrage qui donne une représentation plus réaliste : le cochon ne sourit pas, est placé en série. Enfin, dans un bouquin dont l’auteur-e est végane, le cochon enfermé voit sa situation être dénoncée par le texte, et les images montrent la tristesse de l’animal, en confrontant ce mode d’élevage avec un élevage qui serait respectueux du bien-être.
  • Sans surprise, les enfants dessinent des choses similaires. De même, les enfants parlent des cochons un peu comme ce qui est écrit dans les livres jeunesse.
  • Pour l’exercice « quelle image est la plus réelle ? », les enfants choisissent une image de cochon seul dans la boue, et non une image de cochons dans un pré – encore moins dans un élevage industriel (ce sont les deux autres images qui leur sont proposées).

Les poules :

  • Elles sont souvent associées à leurs poussins, on les voit ensemble dans les livres, et sont dessinées pareillement. Quant au coq, il apparaît sur le toit de la maison, sur une botte de paille…
  • Les CM1-CM2 n’envisagent les poules que dans des fermes dans leurs discours, et quand ils doivent choisir une image, là encore ils écartent l’image d’élevage industriel et privilégient l’image qui montre des poules en plein air (dans une basse-cour).

Les vaches : les enfants les dessinent de façon assez réaliste, en série, avec de l’eau et de la nourriture (ils pensent à leurs besoins).

Comment les enfants réagissent-ils face aux réalités de l’élevage moderne ? Sur les cochons : « ils n’ont pas de boue », « la boue c’est obligé pour un cochon sinon c’est pas un cochon », « ils sont trop serrés », « ils ne peuvent pas dormir », « il n’y a pas de lumière », « ils ne peuvent pas manger d’herbe », « ils sont trop nombreux ».

Les représentations des poules en cage : les ouvrages sont relativement honnêtes sur les images, mais dans les textes, ça dépend. L’un pointe la souffrance engendrée, l’autre leur absence de liberté, l’autre ne dit presque rien. Sur les poulets de chair, plusieurs dessins sont assez honnêtes, ils montrent que les animaux sont serrés sur une surface intérieure.

Le sujet de la mise à mort.
Au CP, la notion d’abattoir est très floue voire inconnue, pour certains un abattoir est un nom d’animal, et c’est le boucher qui tue l’animal de ferme. Les illustrations sont assez colorées et lumineuses, ce qui n’empêche pas qu’elles montrent vraiment ce qui se passe : des cochons vivants d’un côté et morts de l’autre, des poulets suspendus morts par les pattes, une chaîne ou le poulet vivant entre d’un côté, se fait ébouillanter, découper et ressort mort de l’autre côté.

À quoi sert l’élevage, quelle est sa finalité ?
Les élèves répondent qu’il sert à ce que l’animal donne sa chair, ses produits, son lait, ses œufs… Ils évoquent aussi les modifications sur l’animal (soin, comportements) en écartant les apports de l’animal à l’éleveur.
À quoi sert un cochon ? À faire de la charcuterie. L’animal n’existe pas pour lui-même, sa vie a un sens par rapport à ce qu’il est en mesure de produire pour l’humain. Il est dans un rapport de don/contre-don, il travaille en échange de l’alimentation qu’on lui donne.

Il n’y a pas de différences systématiques entre jeunes élèves ruraux et jeunes urbains, si ce n’est que les ruraux ont quelques connaissances plus précises sur les animaux.

Une conclusion importante : les élèves de CP ignorent tout des réalités de l’élevage industriel, ils s’imaginent toujours les animaux en liberté. Les animaux sont heureux, en harmonie avec un fermier.

Au sujet des livres, Dominique Droz fait un parallèle avec l’éducation sexuelle : on montre un papa, une maman, et à la page suivante une femme enceinte, en omettant le rapport sexuel. De même ici, on montre l’animal vivant, ses produits, et pratiquement pas ce qui se passe entre les deux.