Marine Lercier - Statut et droits des travailleurs non-humains : une question de justice sociale pour le XXIe siècle

Marine Lercier est une juriste française spécialisée en droit international et européen, droits de l’homme, justice transitionnelle et droits des animaux. Elle est actuellement chercheuse pré-doctorale et doctorante (Droit International et Sécurité Humaine) à l’Université Autonome de Barcelone, où elle a enseigné le droit du bien-être animal et le droit romain. Sa thèse se concentre sur la protection du bien-être et des intérêts fondamentaux des chevaux de courses à la fin de leur carrière depuis la perspective des études sur le travail animal et du mouvement pour la personnification juridique de l’animal. Elle est également Junior Fellow pour le Think Tank sur les Animaux et la Biodiversité du Global Research Network.

L'idée guidant cette intervention est la convergence, plutôt que la concurrence, des intérêts des humains et des autres animaux sur le terrain du travail en raison de la similarité des risques auxquels tous les travailleurs, quelle que soit leur espèce, sont confrontés. J’adopte une approche anti-spéciste devant le phénomène du travail dans une perspective de justice globale et inter-espèces, pour réguler, enfin, le travail demandé par l’homme aux autres animaux ou réalisé avec eux, pour en améliorer les conditions, apporter une rémunération significative aux travailleurs non-humains, et mettre un terme au travail forcé et à l’esclavage animal moderne.

Cette contribution part du postulat que certaines formes de collaboration inter-espèces (préférant le terme d’emploi à celui d’utilisation de l’animal) peuvent continuer dans la société multi-espèces, à la condition de sévères restrictions, d’un respect des intérêts fondamentaux des individus non-humains, et d’un meilleur encadrement du respect des normes de protection animale. Toute activité infligeant des souffrances injustifiables et inutiles aux animaux (au regard du moyen), ou poursuivant des finalités éthiquement inacceptables (au regard de la fin), devrait prendre fin.

Parallèlement, un statut de travailleur non-humain et des droits du travail pour les autres animaux que l’homme qui participent au bien-être, à la richesse, à la santé, au développement et au maintien de la société par leur travail devraient être conférés, pour les traiter enfin comme des membres de la société multi-espèces, et non plus comme des instruments de travail, choses en propriété de la personne physique humaine ou de la personne morale. Les concepts de « work-lives » et « humane jobs » développés par Coulter ou de « good work » pensé par Cochrane, et celui de « travail vertueux » que je propose, appellent à la création d’une nouvelle branche du droit du travail : le droit du travail animal.

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