Retour sur « l'affaire du tableau »

Page publiée par l'équipe de direction après la fin de l'édition 2022.

Au cours de l'édition 2022, pendant une nuit, deux participants ont écrit sur un tableau des blagues qui ont choqué d'autres participants. Les auteurs ont reçu un blâme, après quoi ils ont décidé de partir de l'événement dans un souci d’apaisement. À l'époque focalisée sur l'analyse des blagues en question et sur la décision à prendre, l'équipe de direction n'a pas pu porter son attention sur les comportements problématiques de nombreux autres participants pendant cette même période. L'objet de cet article est de revenir sur les comportements en question.

Rappel de la chronologie de l'incident

Dans la nuit du 12 au 13 août 2022, vers 02:20, deux participants des Estivales, Luc* et Étienne*, ont écrit des blagues sur un tableau noir, dans une salle commune dédiée aux loisirs. Un participant qui venait d'une autre salle, Olivier*, a alors traversé la pièce et, apercevant le tableau, a été choqué par ce qui était écrit. Il s'est en outre montré particulièrement critique quant à la légitimité de ces deux participants à écrire de telles blagues en tant qu'hommes blancs. Une vingtaine de minutes plus tard, tandis que Luc et Étienne avaient entre temps effacé le tableau et tenté en vain de retrouver Olivier pour lui présenter des excuses, celui-ci est revenu dans la pièce en criant que l'affaire était scandaleuse, en injuriant l'un des deux auteurs, en exigeant leur exclusion à tous les deux, et en annonçant qu'à défaut, il publierait des communications hostiles à notre association sur les réseaux sociaux.

Refusant de discuter avec le président de l'association, il est alors reparti s'isoler pour publier une heure plus tard un message sur le canal Telegram de discussion entre participants annonçant que des « faits extrêmement choquants » s'étaient produits – sans les décrire. Dans ce message, Olivier a notamment lancé une insinuation faisant craindre à certains participants qu'un viol se soit produit dans la nuit : « Il y aura des TW racismes, harcèlement sexuel, criminalité et viol. j'ai des vidéos et photos. »

Puis tout au long de la journée du 13 août, Olivier a appelé à ce que les participants soutiennent sa revendication d'exclusion de Luc et Étienne, ce à quoi un peu plus d'une vingtaine de personnes ont donné suite, soit par un message réitérant cette revendication, soit par un like sur un message de ce type. Dans cette ambiance d’hostilité publiquement assumée envers eux, nous leur avons demandé d’éviter de paraître en public pendant l’après-midi et la soirée, le temps que nous décidions quelle suite donner aux demandes d’Olivier.

L'équipe de direction a réuni les responsables bien-être pour réfléchir de façon approfondie à la situation et a consulté Olivier, Luc, Étienne ainsi que d'autres participants témoins de la scène ou de ses suites. Il en a résulté une décision de blâme à l’encontre de Luc et Étienne, annoncée dans la soirée en premier lieu à Olivier dans le cadre d'un entretien (rapidement écourté par Olivier, qui s'est mis à crier au scandale dès qu'il a compris que les auteurs de la blague ne seraient pas exclus pour un à cinq ans comme il le réclamait), puis quelques minutes plus tard à l'ensemble des participants via un discours public.

Au vu de la situation, Luc et Étienne ont pris la décision de quitter les lieux dans la matinée du 14 août, expliquant avoir « pris conscience de la portée problématique de [leurs] actes » et vouloir « éviter de troubler davantage le déroulé des Estivales ».

Olivier a alors annoncé être satisfait de ce départ. Après les Estivales, il a publié un message co-écrit avec Luc et Étienne indiquant notamment : « [Olivier] a accepté pleinement les excuses de [Luc et Étienne] et a exprimé son appréciation à la fois de leur départ pour cette édition des eqa, et également des excuses sincères qu'iel a reçues. Nous voulions donc vous informer que nous sommes tou.te.s les trois disposé.e.s à nous recroiser à de prochains événements, et souhaitons maintenir entre nous des rapports respectueux et cordiaux. »

Des comportements problématiques en série

Si nous ne pouvons que nous réjouir que la situation se soit apaisée entre ces trois protagonistes, il nous apparaît cependant nécessaire, avec le recul, de souligner que pas moins de 25 personnes (dont Olivier) ont eu pendant cet épisode des comportements qui nous apparaissent inacceptables. Pour cette raison, il nous apparaît important de clarifier ce qui nous pose problème, à des fins de transparence (l'affaire ayant été déjà largement discutée en public) et de pédagogie. Il nous semble en effet important que les futurs participants puissent comprendre quelles normes s'appliquent dans nos événements. Dans la continuité du présent article, nous allons également procéder à une mise à jour de nos conditions de participation dans une optique de clarification, notamment de ce qui est permis ou non lorsque l'on souhaite se plaindre du comportement d'un participant ou lorsque l'on est en désaccord avec une décision prise par l'équipe de direction.

Les mises en cause personnelles dans des espaces de discussion publics

Les Estivales sont un événement physique où les organisateurs sont présents et disponibles, ainsi que plusieurs responsables bien-être dont l'une des missions est précisément de récolter tout signalement relatif à une situation ayant causé un préjudice. Il est ainsi tout à fait possible d'aller vers eux si l’on désire exprimer son malaise vis-à-vis de blagues inappropriées et demander par exemple que les auteurs des blagues en question soient sollicités par l'organisation pour présenter des excuses et s'engager à ne pas réitérer. Le fait d'écarter d'emblée les responsables bien-être au profit d'un message d'accusation nominative en public sur le canal Telegram de discussion entre participants est une attitude qui s'apparente davantage à une forme de vengeance publique qu'à une recherche d'apaisement. Par conséquent, nous la condamnons.

Une telle démarche oblige les personnes ciblées à se défendre en public, ce qui peut être particulièrement éprouvant, typiquement lorsque l'accusation est très infamante et infondée, et qu’elle est assortie d’une invitation à partir. Quelques messages emblématiques, qui n’auraient jamais dû être diffusé publiquement sur le canal de discussion des participants et encore moins être approuvés par des likes :

  • « On a touste coché et donc signé «Je comprends que les comportements de harcèlement, agressions sexistes et sexuelles ne sont pas tolérés.» pour venir ici. Même si la nous ne somme pas dans une situation de séduction, je trouve que de part de la teneur des propos, cette engagement n’est pas tenu. » (c’est à l’équipe d’organisation qu’il appartient d’en juger, et non aux participants d’ouvrir une sorte de procès public)
  • « Je pense que la démarche la plus désirable serait pour [Étienne] et [Luc] de quitter les EQA pour cette année, de leur propre chef comme preuve de leur bonne volonté et de leur absence de malveillance dans leur comportement de cette nuit. » (message certes poli, mais non moins violent)
  • « Des harceleurs, violeurs et autres sont là. Je souhaite que [Étienne] et [Luc] quittent au plus vite les EQA. »

Les personnes n'ayant pas assisté à la situation sont amenées à se forger une opinion sur la base d’éléments parcellaires, n’ayant pas la vue d’ensemble que l’équipe d’organisation cherche à se constituer lorsqu’elle étudie un signalement en allant interroger toutes les parties prenantes. Parfois, elles vont imaginer le pire, surtout si la mise en cause est floue (comme c'était le cas ici), ce qui va regrettablement créer des angoisses excessives.

En outre, l’exposé d’accusations nominatives en public engendre facilement une polarisation entre les soutiens de la victime présumée et les autres, qui s’exposent à l’accusation infamante de ne pas soutenir la victime présumée, voire carrément de soutenir les malfaiteurs présumés. En l’espèce, la formation de groupes de participants antagonistes a été d’autant plus rapide qu’Olivier a ouvertement appelé à ce qu’on lui manifeste du soutien en public (« je compte sur une réflexion et un soutien collectif face à cette situation inadmissible. », « J'ai besoin que des gens.t.es répondent ici qu'iels me soutiennent. »). Il en a résulté des tensions supplémentaires, pourtant évitables, et qui ont éloigné tout le monde de la perspective d'une réconciliation. L’ambiance générale de l’événement s’en est trouvée détériorée, et les discussions conflictuelles sur le sujet ont éclipsé celles qui auraient dû pouvoir se tenir sur la thématique de l’événement : la question animale.

L’hostilité et les pressions envers l'équipe d'organisation

Dès son premier message, Olivier a exigé publiquement de l’équipe de direction qu’elle prenne une décision précise (« je demande L'EXCLUSION des EQA de [Étienne] et de son ami [Luc] (je ne connais pas son nom). »). Il a explicitement justifié cette pression sur notre équipe par une défiance préalable envers elle : « Je souhaite que l'affaire ne soit pas étouffée par l'orga des eqa mais rendue publique et j'attends une réaction politique à la mesure des faits constatés. »

Cette demande a été répétée à de multiples reprises par lui et ses soutiens, tant en public que par des messages privés adressés à l’équipe de direction, en instaurant un climat d’urgence (« Je souhaite que [Étienne] et [Luc] quittent au plus vite les EQA. », « j'espère que d'ici 1 ou 2h l'exclusion sera annoncée pour que ces 2 personnes partent dans l'aprem. ») et de gravité (« ça appelle [...] une décision officielle de EQA à la hauteur de la gravité de ce qui s’est passé », « On attend une réaction à la hauteur de la gravité des faits »).

Lorsqu’un responsable bien-être a annoncé dans la matinée que l’incident était pris au sérieux, qu’il allait être discuté entre organisateurs, et que dans l’attente, il convenait de ne pas alimenter les tensions davantage sur le canal de discussion entre participants, Olivier a répliqué par une accusation de censure (« Je vis cela comme de la censure des gens.te.s qui pourraient exprimer leur soutien par réponse à mon message. »), qui montre qu’il présume que les responsables bien-être ont de mauvaises intentions.

Plus tard, Olivier a annoncé publiquement souhaiter mener un « combat » pour « faire changer les lignes politiques de la gouvernance de l'asso » (message soutenu par une dizaine de personnes).

Sur ces aspects, il convient de rappeler quelques principes importants.

Premièrement, des participants qui éprouvent un tel niveau de défiance préalable envers l’organisation (présumée incapable d’avoir une réaction à la mesure des faits constatés lorsqu’un signalement lui est rapporté, voire carrément susceptible de les étouffer) ne devraient pas se rendre à nos événements. Participer à nos événements ne suppose pas seulement d’avoir un intérêt pour la programmation proposée, il est aussi nécessaire d’avoir un minimum confiance envers l’équipe d’organisation (notamment pour écouter et traiter les éventuels signalements) et d’accepter les principes de fonctionnement qu’elle a définis. À défaut, d’autres événements existent ou peuvent être créés avec des principes alternatifs. Persister à venir à nos événements tout en opposant de la défiance aux organisateurs et en exerçant sur eux des pressions publiques et privées pour orienter leurs décisions porte un nom : l’entrisme. Les personnes souhaitant manifester leur détermination à combattre notre fonctionnement peuvent bien sûr le faire dans l’espace public, mais elles ne doivent pas s’attendre à être accueillies, nourries et logées dans nos espaces.

Deuxièmement, contrairement à ce que certains ont semblé penser, les Estivales ne sont pas un événement autogéré et il n’existe pas d’assemblée générale des participants. Nous ne voulons pas d’un fonctionnement à la Koh-Lanta, où les participants votent pour éliminer l’un d’entre eux. Il n’est pas admissible qu’une personne demande l’exclusion d’une autre sur le canal de discussion entre participants, et que d’autres s’empressent de mettre des émojis réactions « pouce vers le haut » ou « cœur » sur cette demande, comme pour voter ou pour signer une pétition. Les exclusions éventuelles sont décidées par l’équipe de direction, souveraine pour prendre toute décision au sein de l’association. Ouverte aux suggestions et aux critiques constructives, elle est en revanche étanche aux pressions (incluant les simili-pétitions) et aux reproches virulents.

Il est important de comprendre que l’équipe d’organisation ne détermine pas ses décisions en fonction de l’avis majoritaire des participants, qui n’ont pas forcément d’expérience en gestion d’association et ne comprennent pas toujours quel est le projet de la nôtre. Les décisions sont prises en fonction de notre projet associatif et des principes de jugement que nous nous donnons (prise en compte des intentions, respect du contradictoire, présomption d’innocence, proportionnalité entre la gravité des faits et la peine éventuellement prononcée…).

En toile de fond, un clivage politique manifeste sur ce qu’est l’inclusivité

Au-delà de cette « affaire du tableau » et des appels à l’exclusion ensuite diffusés par une partie des participants, il se joue selon nous une controverse autour de la notion d’inclusivité.

Pour certaines personnes, qui typiquement se revendiquent « intersectionnelles », faire des Estivales un espace inclusif signifie que l’association devrait se positionner en faveur d’un féminisme intersectionnel et traiter les incidents entre participants en suivant des principes tels que :

  • Considérer que les hommes cis sont soumis à des interdictions spécifiques en matière de liberté d’expression, par exemple l’interdiction de faire des blagues utilisant le mot « viol » (quel que soit le sens de la blague).
  • Regarder les intentions des accusés comme étant sans importance, en préférant se focaliser sur l’ampleur de l’indignation des victimes présumées – laquelle serait un indicateur valable de la gravité de l’acte.
  • Considérer que le point de vue de la personne qui se plaint est suffisant pour se faire un avis sur une affaire, dès lors qu’il s’agit d’une personne non homme cis qui dénonce le comportement d’un homme cis.
  • Ne placer quasiment aucun espoir dans la capacité de personnes ayant commis une faute à évoluer : mieux vaut exclure pour 5 ans un homme cis plutôt que d’essayer d’établir un dialogue apaisé avec lui pour lui expliquer ce qui peut poser problème dans son attitude.

En outre, la principale piste pour améliorer l’inclusivité de l’événement consisterait à réaliser des efforts ciblés envers les personnes faisant partie de diverses minorités, l’idée étant que ces personnes ne demanderaient qu’à venir à nos événements, mais s’en auto-excluraient d’office en l’absence de tels efforts. Ainsi, quelques exemples de raisonnements derrière des revendications qui nous ont été adressées lors des précédentes éditions :

  • Des personnes grosses ne se sentiraient pas à l’aise de venir tant que nous ne prendrions pas la décision de commander systématiquement des T-shirts de taille 5XL, même lorsque nous passons une commande de test qui ne se destine de toute façon qu’à 13 % des participants.
  • Des personnes atteintes de troubles du comportement alimentaire (TCA) n’oseraient pas venir, de peur de devoir faire la queue avant chaque repas et de souffrir de cette situation, et il faudrait donc que nous planifions d’office que des assiettes soient mises de côté, à la disposition de toute potentielle personne atteinte de TCA.
  • Des personnes porteuses de handicap renonceraient à venir, pensant que l’obligation de participer aux tâches ménagères ne pourrait souffrir d’aucune exception, tant que cela ne serait pas explicitement signalé en amont de l’événement.
  • Des personnes victimes de racisme ne demanderaient qu’à venir, mais en seraient découragées par le fait que les deux personnes de l’équipe de direction sont blanches.

Cette conception nous laisse sceptiques. D’une part, l’auto-exclusion des membres de ces minorités est postulée mais jamais démontrée, et le lien de causalité entre la mesure corrective réclamée et leur volonté éventuelle de venir ne l’est pas non plus (notre stock abondant de T-shirts 5XL depuis 2021 n’a pas attiré davantage de personnes grosses, par exemple). D’autre part, le raisonnement que ces personnes intersectionnelles projettent sur les minorités est étonnamment toujours fondé sur une présomption négative envers notre organisation :

  • L’absence de T-shirts 5XL dans une commande de test serait le signe qu’une personne grosse ne pourra jamais avoir de T-shirt à sa taille le jour où nous passerons une commande destinée à l’ensemble des participants, et une preuve de la grossophobie de notre organisation.
  • L’absence d’assiette prévue d’office pour les personnes atteintes de TCA amènerait légitimement ces personnes à penser qu’un tel aménagement est de toute façon exclu d’office par notre organisation, supposée insensible à leurs besoins.
  • L’absence de mention d’exceptions à l’obligation de participer aux tâches ménagères s'interpréterait logiquement par les personnes porteuses de handicap comme un indice du fait qu’aucune exception ne serait possible et que notre organisation serait inflexible face à leurs besoins.
  • L’absence de personnes victimes de racisme au sein de l’équipe de direction serait un indice du racisme de notre organisation, et les personnes concernées par cette discrimination devraient donc s’inquiéter d’en souffrir à nouveau si elles venaient à nos événements.

Nous pensons que si des personnes ont de telles présomptions négatives envers notre organisation, avant même de nous avoir contactés pour nous demander si nous sommes en mesure de prévoir des T-shirts de grande taille, de réserver une assiette, de prévoir des exceptions pour les tâches ménagères ou de s’opposer aux discriminations racistes, c’est qu’il s’agit de personnes qui n’ont de toute façon pas de motivation à venir à nos événements – celles qui le sont n’hésitent pas à nous signaler tout besoin spécifique sans s’offusquer que nous n’ayons pas anticipé d’office tous les aménagements possibles et imaginables !

Pour d’autres personnes, davantage critiques vis-à-vis de ce militantisme intersectionnel, faire des Estivales un espace plus inclusif impliquerait en priorité de manifester aux personnes qui ne sont pas de gauche radicale qu’elles sont bienvenues dans nos événements. En effet, depuis de nombreuses années, les sympathisants et militants de gauche radicale sont surreprésentés dans le public des Estivales par rapport au reste de la population.

Ainsi devrions-nous afficher dans notre communication que tout le monde est bienvenu, « même ceux qui votent Macron, Le Pen, Mélenchon, Asselineau ou Zemmour ». Une telle démarche nous semble illusoire : les militants politiques d’extrême-gauche supportent rarement la présence de ceux d’extrême-droite, et réciproquement. Aucun événement ne peut rassembler tout le monde. Accueillir les intersectionnels décourage les militants radicalement anti-intersectionnels de venir ; accueillir des militants d’extrême-droite dissuade ceux d’extrême-gauche de participer.

Notre conception actuelle de l’inclusivité consiste à rassembler le plus largement possible les personnes qui acceptent de se supporter. Quelques exemples de ce que cela implique en pratique :

  • Nous écrivons sur nos supports de communication que les Estivales sont « ouvertes à toute personne intéressée par la question animale » et ne fixons pas de prérequis trop exigeants pour pouvoir participer.
  • Nous évitons, dans les conditions de participation, de fixer des exigences qui feraient fuir d’office les personnes moins à gauche que les intersectionnels. Par exemple, nous évitons volontairement de fixer comme règle l’interdiction des « propos oppressifs » au sens où l’entendent les militants intersectionnels (qui est un sens souvent beaucoup plus large que ce que le droit commun prévoit).
  • Nous prenons au sérieux de la même façon le signalement d’une personne de droite qui s’estime injustement bafouée dans sa liberté d’expression et une personne de gauche radicale qui se plaint d’une « micro-aggression ».
  • Lorsque nous constatons que des personnes ne veulent pas revenir aux Estivales parce qu’elles ne s’y sentent plus à leur place, nous réfléchissons à l’opportunité de changer notre fonctionnement pour maximiser l’inclusivité, à l’appui d’un raisonnement contrefactuel : si nous avions pris les mesures qui auraient permis à ces personnes de revenir, cela aurait-il dissuadé d’autres personnes, plus nombreuses encore, de venir ? Si oui, c’est que nous avons déjà fait les choix qui semblent maximiser l’inclusivité ; si non, nous nous attelons à revoir notre fonctionnement.

Cela posé, il importe aussi de rappeler que l’inclusivité n’est pas la seule considération qui compte pour déterminer le cadre de nos événements. Si supprimer les conférences et organiser à la place une colonie de vacances animaliste permettait de rassembler un public plus diversifié sociologiquement et politiquement qu’actuellement, ce ne serait pas pour autant la meilleure décision à prendre : la préservation du projet associatif importe aussi. Nous voulons proposer un espace de réflexion, ce qui ne maximise pas forcément le nombre de participants.

En conclusion, nous espérons que ces clarifications aideront les participants de l’édition 2022 et les suivants à comprendre notre perspective et à décider en connaissance de cause de venir ou non à nos événements. Le fait qu’autant de personnes aient eu un comportement en décalage avec nos règles de fonctionnement était certainement le signe que ces règles n’avaient pas été suffisamment clarifiées. Le problème devrait moins souvent se poser, dorénavant.

*Les personnes mentionnées dans cet article ont été anonymisées.