Faune sauvage et parcours personnel vers le végétarisme

Intervention par Guy Bortolato aux Estivales 2005, le mercredi 10 août après-midi.

Résumé de l'intervention

Guy Bortolato organise des «sorties nature» pour découvrir des animaux sauvages de sa région (Côte d'Azur). Son intervention aux Estivales sera divisée en deux temps:

1) projection commentée d'un film et d'un diaporama consacrés à des animaux sauvages;

2) exposé de son cheminement personnel vers le végétarisme, et de ses idées sur des thèmes qui lui sont chers, afin d'engager la discussion avec le public. Voici quelques exemples de questions qu'il aimerait aborder:

- Chasse, prédation: est-ce que tout ça est bien naturel?
- L'animal humain est-il un prédateur? Est-il vraiment fait pour manger les autres animaux?
- Utile, nuisible, gibier (donc mangeable)... n'y a-t-il que ces mots malsains pour désigner l'animal sauvage? Ne peut-on le considérer autrement?
- La survie de l'animal humain est-elle possible sans les animaux sauvages?

Commentaire de David Olivier

Guy Bortolato, les ours et les enfants (mercredi 10 après-midi).

Ce qui était annoncé au programme, et qui m'intéressait le plus, c'est le parcours personnel de Guy («cheminement vers le végétarisme»). Il avait aussi des films et des diapositives à présenter. Mais ce projet a rencontré un autre train d'événements, pour donner finalement un événement inédit impliquant les ados (et les moniteurs) de la colonie de vacances du camping. C'est une estivallière, si j'ai bien compris, qui s'était liée avec une des monos, et cela avait abouti à une invitation à ce que les ados, une trentaine, viennent à la conférence de Guy. Celui-ci a d'abord présenté son document sur les ours du Canada. Puis s'est mis à parler et discuter avec le public de diverses choses animalières. Je m'attendais un peu à une après-midi qui laisserait un goût d'occasion manquée. Les ours du Canada, c'est intéressant, mais c'était dommage que les enfants retournent des Estivales en n'ayant entendu parler que de ça. C'est là qu'Yves a eu la très bonne idée de rappeler à Guy qu'il devait aussi parler de son parcours personnel. Et Guy, qui n'avait pas prévu cela, ne s'est pas laissé démonter, et a raconté pourquoi il était devenu végé, par sympathie pour les animaux (discours vraiment centré là-dessus). Je crois que son discours et le débat style questions-réponses qui s'en est suivi a fortement impressionné les gamins. Il est allé assez loin, Guy parlant même de la manière dont on envisagera dans quelques siècles les gens qui mangent la viande aujourd'hui; parlant aussi de ce qu'il ne mangeait pas les animaux pour pouvoir se regarder dans un miroir. Un discours à la fois que je lui enviais, par sa capacité à discuter sans culpabiliser, et qu'en même temps je ne me sentais pas à même de tenir aussi pour de bonnes raisons - malgré tout, il présentait le végétarisme comme un «choix personnel».

Guy a beaucoup joué aussi sur son grobide, sur son aspect assez babar et rustique, pour se moquer de l'image traditionnelle du végé squelettique. À la fin, Lucile a eu la bonne idée aussi de rappeler que les végés sont tous différents, «aussi différents que vous», pas tous d'accord sur les chiens végés (Bandit avait été à la fête) etc.

E.n.o.s. a eu la bonne idée d'inviter à la fin du débat tous les enfants de la colo à manger le lendemain soir avec nous, ce qu'ils ont fait et, je crois, beaucoup apprécié. Une mono a aussi eu la gentillesse de nous rendre la pareille le samedi avec un super bon couscous et d'autre bouffe, réservée à ceux qui étaient restés ranger:-)

J'ai filmé une bonne partie des discussions entre Guy et les gamins, avec l'option «film» de mon appareil photo, c'est-à-dire que c'est des bouts de film d'une minute maximum, avec un son mauvais (on entend quand même quand il parle lui). Un mono m'a demandé à la fin de ne pas diffuser les photos ni les films sur le Web, c'est pourquoi tout ça n'est pas sur le site.

Il y a quand même eu quelques tensions avec certains monos, semble-t-il. Une à la sortie parlait à notre sujet de «propagande». D'autres, semble-t-il, craignaient surtout la réaction des parents.

Tout le monde était assez impressionné par cet après-midi, je crois.

Malheureusement, après cette discussion entre Guy et les ados, il y a eu une pause et presque tout le monde s'est égayé dans la nature, dont moi-même. Sans avoir vraiment capté que Guy avait préparé une suite, une série de diapositives. Guy s'est beaucoup plaint après du fait qu'il n'y avait qu'une dizaine de personnes pour regarder un travail qu'il avait mis beaucoup de soin à mettre au point. Malgré tout le bien qu'on lui disait de sa prestation de l'après-midi, il est parti assez fâché, aussi en raison de nos «délires», disait-il, à propos de la prédation. Alors que j'avais eu l'impression que ces délires, il avait fini par en admettre la validité, la légitimité, même sans aller jusqu'à les partager. Dommage.

Complément

Lettre que Guy et Christine Bortolato ont fait parvenir aux Estivales après leur départ :

Nous regrettons de ne pouvoir rester parmi vous cette dernière journée, mais nous vous transmettons ces quelques réflexions.

Je regrette vraiment que l'après-midi du 10, la majorité d'entre vous étaient absents lors de ma conférence qui a démarré pourtant dans un créneau horaire acceptable - 18h00 à 19h30 - ne serait-ce que par respect d'un travail de 25 ans.

En plus des questions proposées dans la partie débat, j'avais prévu de lancer une discussion sur l'efficacité des méthodes de transmission de mes messages (tracts, vidéo, Internet...) et les rendre compréhensibles au grand public. Comme je m'y attèle depuis plusieurs années, vous auriez pu m'apporter des éléments et réflexions complémentaires sur cette mission à laquelle j'ai décidé de consacrer ma vie. J'y croyais d'autant plus que vous aviez montré de l'enthousiasme lors de ma 1ère intervention avec les enfants.

Sur ce programme d'une semaine, il nous semblait à Christine et à moi important d'aborder ce sujet, mais peut-être n'est-ce pas votre souci et préférez rester dans les hautes sphères de la pensée.

Nous avouons que face aux délires entendus sur la prédation «NATURELLE!» et à laquelle personne n'a de solutions, nous aurions préféré plus de temps consacré aux domaines où nous pourrions être vraiment efficaces (élevage, chasse, pêche...).

Rassurez-vous, nous avons ressenti pas mal de bons moments, de courants d'amitié, et comme vous faites partie des animaux humains sensibles aux autres formes de vie, nous vous remercions d'exister.

Bien amicalement.

Christine et Guy