«Les premières modélisations et définitions de la mobilisation pour l’animal en Angleterre, 1820-1920»

Fabien Carrié

La conférence a eu lieu le jeudi 26 juillet matin en présence d'environ 61 personnes.

Voir l'enregistrement audio et sa transcription.

Résumé par l'auteur

Réfléchir aux différentes acceptions contemporaines de la mobilisation collective au nom de l’'animal et aux luttes qui agitent le mouvement afin de déterminer les objectifs visés et les moyens mobilisés pour les obtenir, requiert comme préalable un retour sur la genèse, l’'émergence et la structuration progressive de la cause, tant les formes antérieures de la mobilisation, les choix opérés dans les répertoires d’'action, la définition donnée de l’'activité militante et des représentations de l’'animal semblent influer sur le champ des possibles des militants advenus aujourd’hui au militantisme. Rendre compte de cette histoire sociale c'’est donc revenir sur les options qui n’'ont pas été retenues ou qui ont été disqualifiées, sur les choix des modalités à la fois pratiques et symboliques qui ont permis finalement à cette mobilisation d’'accéder à la légitimité et à la reconnaissance sociale. C’'est donner à voir la constitution progressive d’'une configuration d’'acteurs intéressés à parler au nom des animaux, cherchant à imposer une bonne définition des interactions entre ceux-ci et les hommes.

Il ne s’'agira pas bien sûr en l’'espace d’'une communication de détailler l’'ensemble des fluctuations qui contribuent à définir et à redéfinir dans le temps cette configuration, mais plus simplement de s'’intéresser à la genèse de ce mouvement en Angleterre des décennies 1820 -1830 jusqu’'au début du 20ème siècle. En revenant notamment sur les premières formalisations de la cause élaborées par des acteurs qui, du fait de leurs propriétés sociales et de leurs ressources relationnelles, mais aussi de par leurs expériences militantes passées et de leurs représentations de l’'animal, ont cherché à l’'inscrire dans le sillage des mobilisations philanthropiques du moment. On se propose à partir de là de mettre au jour le processus de légitimation progressif de cette conceptualisation initiale du porte-parolat pour l'’animal, afin d'’envisager la façon dont elle a pu s'’imposer face à des définitions concurrentes, pour être contestée finalement à partir de la fin du 19ème siècle par des groupements plus radicaux, anti-chasse et antivivisectionnistes, réunissant des profils militants souvent fort éloignés de ceux des premiers promoteurs de la cause.

Fabien Carrié