«Pourquoi parler de la santé et de l'environnement ne nuit pas à la cause des animaux, bien au contraire»

Isabelle Dudouet Bercegeay

La conférence a eu lieu le samedi 28 juillet au matin, en présence d'environ 60 personnes.

Voir l'enregistrement audio et sa transcription.

Résumé par l'auteure

Nous avons probablement tous vécu cette situation: une personne avec qui nous échangeons sur l'éthique animale est d'accord avec nous sur les problèmes que pause la consommation d'animaux au plan éthique... La logique serait que cette personne renonce à la consommation de produits animaux. Or ce n'est pas toujours le cas. Parfois même elle rétorque «Il faut bien manger!».

Y aurait-il des éléments qui interfèrent avec la raison? Qui interfèrent au point de faire le contraire (commanditer l'exploitation et l'abattage d'êtres sentients afin de les manger) que ce que la raison nous dicte (respecter et ne pas nuire à ces mêmes êtres sentients)?

Ce débat propose d'explorer des pistes telles que:

  • le conflit de loyauté envers les parents, leur éducation: remettre en cause l'éducation ou les comportements reçus de ses parents, un frein (ou un obstacle) pour un changement d'habitude alimentaire? En outre, est-il facile de reconnaître que, bien que nous avions connaissance des souffrances que notre alimentation générait, nous avons continué néanmoins de consommer des produits animaux?

«Renoncer à la viande et aux autres produits animaux parce que l'on a pris conscience de la souffrance que cette exploitation induisait dans le monde animal, c'est s'accuser de toute la souffrance que l'on a infligée aux animaux jusqu'au moment de cette décision . C'est également accuser ses parents, l'éducation qu'ils nous ont donnée et éventuellement celle que nous avons nous même donnée à nos enfants.»
Extrait du livre Psychologie sociale du crime de Philippe Laporte.

  • le plaisir gustatif et la convivialité: La plupart des personnes non végées/véganes sont persuadées que nous sommes des mangeurs de salade verte et de haricots verts. Elles pensent qu'un bon repas convivial ne peut être sans viande/produits animaux. Or nous vivons dans une société où la gastronomie est élevée au rang de sport national. (Patrimoine culinaire français reconnu par l'Unesco)
  • l'industrie agro-alimentaire et ses méthodes marketing, qui saturent de pubs le cerveau de nos interlocuteurs, leur créent des besoins, parviennent à les persuader que sans produits animaux point de salut.

Enfin, statistiquement, les Français choisissent leur alimentation selon 3 principales raisons:

  1. le plaisir: 70 %
  2. la santé: 20 %
  3. l'environnement: 10 %
  4. les animaux: 1 à 2 % sont plus ou moins végés/véganes

Et si parler de la santé et de l'environnement, mais aussi de gastronomie, pouvait permettre de contourner l'obstacle «conflit de loyauté», ou tout autre obstacle, et ainsi aider à la cause des animaux?

Et si certaines personnes avaient besoin de ces étapes, de par leur histoire personnelle, avant de s'autoriser à s'ouvrir à l'éthique animale?

Enfin, communiquer massivement sur les aspects environnement, santé et gastronomie permettrait-il d'aider à affaiblir l'idée reçue que manger de la viande/produits animaux est la norme logique? Si oui, cela pourrait-il être un plus pour la cause animale? Si oui, en quoi serait-ce un plus?

Isabelle Dudouet Bercegeay, militante pour la cause animale et l'Association Végétarienne de France