«Fish welfare issues in commercial fishing and fish farming» - compte rendu par Sara et Thomas

Phil Brooke et Alison Mood

Le bien être des poissons dans la pêche commerciale et la pisciculture

09/08/13, 10h

55 personnes

Test de personnalité

(à télécharger bientôt sur ce site)

Auditoires britanniques : votent le plus souvent B en majorité, puis C. Mais si on propose ce questionnaire aux enfants, la réponse la plus fréquente est A. L'éducation des enfants dans notre société les portent à répondre A aux questions, et nous devons accepter que nous sommes pour beaucoup sensibles à ces réponses.

D : position anthropocentrique, donne une valeur centrale aux êtres humains. Intéressant de constater que lorsqu'on montre un reportage sur les conditions de la pêche, les personnes qui répondent D semblent aussi émues que les autres.
C : position écologiste : beaucoup seraient prêtes à tuer des baleines pour la consommation humaine si on protège leur existence en tant qu'espèce. Je suggère que les enfants confrontent leur position à celles de leurs parents sur ce point.
B : position de bien-être animal, et d'élevage ou de pêche extensive. Cette position welfariste signifie que les animaux ont comme nous une capacité au bien-être et à la souffrance. Provient de Jeremy Bentham, philosophe utilitariste du XVIIème siècle : « ce qui compte n'est pas que les animaux puissent penser ou parler, mais qu'ils puissent souffrir ». Considère que ce n'est pas un problème de tuer un animal car n'a pas de conscience de la mort, donc cette perspective ne peut le faire souffrir, s'il est tué sans souffrance physique. Éléments d'antispécisme car considère que la prise en compte de la douleur ne dépend pas de l'espèce. L'utilitarisme se retrouve chez Peter Singer par exemple, qui considère que la vie d'un bébé humain n'a pas plus de valeur que celle d'un animal adulte (le végétarisme permet à Singer de ne pas manger d'humains tout en restant cohérent avec ses positions...).
A : En GB on parle de droits des animaux, en France plutôt d'antispécisme = vous avez des droits en tant qu'individus indépendamment du groupe auquel vous appartenez, et cette position ne s'arrête pas de manière magique à la frontière d'espèce.

Lors du commentaire devant un public, faire la présentation en ordre inverse pour terminer par les droits des animaux.

Ma position est A, mais je considère que présenter B permet aussi de faire actuellement progresser la situation des animaux. Mais je présente des documents parlant de A et B afin de permettre à chacun de se faire sa propre opinion.

Présentation des intervenants


Je travaille pour des organisations de bien-être animal, des organisations welfaristes. Je pense que nous pouvons aider le plus grand nombre d'animaux en défendant la position que puisque de fait nous les mangeons, nous devons les traiter mieux. C'est une décision tactique de ma part qui peut être juste ou fausse, mais je produis des matériels éducatifs pour permettre aux personnes de se faire leur propre opinion.

Quand je montre des diapositives sur des animaux de ferme ou des poissons, certaines personnes décideront qu'il faut mieux traiter les animaux, d'autres qu'il faut cesser de les manger.

Mon travail est sur les animaux d'élevage, ce qui inclut les poissons, même ceux qui sont pêchés sans être élevés. Le point de départ est que la plupart des gens pensent à la protection des poissons comme une protection de ressources à l'usage des humains, parfois en terme de biodiversité et protection de l'environnement mais très rarement aux poissons en tant qu'êtres sentients.
Si vous posez la question : « est-ce que les poissons souffrent quand on les blesse ? », la plupart des gens répondent que oui. Mais cela ne fait pas partie de leurs pensées quotidiennes et leur but est de changer cela.

Alison a créé le site internet fishcount.

Introduction

La première chose à souligner est la souffrance énorme des poissons. Phil nous montre un jeune cabillaud pris dans des filets par les branchies et qui se débat pour s'échapper. Cette méthode cause des blessures très grandes et le poisson reste pendant des heures à se débattre. Je commence en parlant d'un individu parce qu'un individu nous touche plus. Mais cette souffrance affecte des millions d'animaux. Staline a dit que la mort d'une personne est une tragédie et que la mort de milliers de personnes est une statistique. Je vais utiliser cette maxime d'une meilleure manière que lui.

Alison a estimé le nombre de poissons qui souffrent chaque année. Il y a entre mille et trois mille milliards de poissons qui sont capturés chaque année par la pêche. Cela est à comparer avec les soixante trois milliards d'animaux tués pour la viande en 2010 (chiffres de la FAO).
Il y a cent milliards de poissons qui servent de nourriture pour les animaux d'élevage. La plus grande partie des animaux pris pour nourrir les animaux d'élevage sont utilisés pour nourrir des poissons d'élevage. Alison a fait un nouveau calcul qui indique qu'entre 37 milliards et 120 milliards de poissons sont tués pour l'alimentation ce qui est supérieur au nombre d'animaux terrestre tués. La plupart de ces morts sont en Asie et la moitié sont en Chine.

La sentience des poissons

Aujourd'hui, la majorité des zoologistes sont d'accord pour dire que les poissons sont des êtres sentients. Ils souffrent au cours de la prise mais aussi après la prise. Il y a aussi des poissons qui souffrent en étant utilisés comme appâts.

Il faut multiplier la durée de la souffrance à l'intensité de la souffrance puis on remultiplie par le nombre d'animaux qui souffrent. Le résultat semble clair : le problème de la souffrance des poissons est un problème majeur de bien-être animal. Si je devais nommer les activités humaines qui font le plus souffrir les animaux, je nommerais l'élevage intensif et la pêche. Mon but en tant que personne qui travaille pour une organisation de bien-être animal est de réduire la souffrance des poissons.

Pour les antispécistes, la réponse est très simple : il faut cesser de les manger. Malheureusement, en pratique, d'autres les mangent. Au moins, si moins de personnes mangent les poissons, il y aura une diminution dans la croissance des élevages de poissons. Nous pouvons aussi faire campagne pour réduire le nombre de poissons qui sont pris et le résultat sera une réduction de la souffrance en étant plus durable. Nous pouvons aussi travailler pour assurer que dans un certain nombre de cas, quand les poissons sont torturés, ils souffriront moins. Il faut être réaliste : quelle que soit la méthode, les poissons souffriront. Cependant, certaines méthodes sont plus douloureuses.

Voir sur la présentation la vidéo sur les capacités cognitives d'un poisson rouge

Mon but n'est pas d'encourager les gens à faire des poissons des animaux de cirque, mais il y a des personnes qui pensent que les poissons rouges ont seulement deux secondes de mémoire. J'ai une astuce pour prouver que les humains ont seulement sept secondes de mémoire : je dis quelque chose en latin, je compte jusqu'à 7 et je leur demande de répéter. Souvent les gens ne répètent pas. Si vous étiez un poisson rouge, et qu'on vous pose une question qui a autant de sens que ma phrase en latin pour vous, vous ne pourrez pas vous en rappeler. Par contre, si on pose au poisson une question qui a un sens pour lui (parce qu'elle implique une récompense), il montrera qu'il a de la mémoire.

Dr Braithwaite a dit récemment dans son livre Do fish feel pain ? que les poissons ressentent la douleur. Les poissons ont des récepteurs de douleur qui répandent de la chaleur, de la brûlure, de la douleur. Mais on a besoin de plus que cela. Il y a eu des expériences que certaines personnes peuvent juger comme cruelles mais qui prouvent que les poissons ressentent de la douleur. Je ne cautionne pas ces expériences mais je parle des données qui en sont ressorties. Ils ont injecté du venin d'abeille dans les lèvres des truites ont montré qu'elles ressentaient la douleur. Cette expérience a changé la manière dont elles se comportent face à des situations effrayantes. Si on place un nouvel objet dans l'environnement de la truite, elle va chercher à l'éviter. Par contre, les truites qui avaient reçu le venin avaient une réponse différente aux situations stressantes et pensaient à leur douleur et non pas à la menace que pouvait constituer l'objet. Du coup, elles n'évitaient pas le nouvel objet.

Le système de réponse paraît impliquer le cerveau. Des données indiquent des capacités de coopération sociale, de repérage spatial... Par exemple, un petit poisson des étangs rocheux qui s'appelle la gobie, a un risque élevé d'être victime de prédateurs saute d'une flaque pierreuse à une autre flaque pierreuse. Ils sont capables de faire cela sans se tromper parce qu'ils ont appris la topographie à marée haute.

Mon histoire favorite est celui de la coopération entre les mérous et les murènes. Les mérous chassent en pleine eau alors que les murènes se glissent dans les crevasses et chassent les poissons cachés. Ils s'aident l'un l'autre. Quand un mérou chasse un poisson, le poisson a tendance à se réfugier dans les coraux et les crevasses pour se cacher. Au lieu d'abandonner la partie, le mérou va à la recherche d'une murène.

Vidéo qui montre cette étonnante collaboration. La murène indique au mérou où est cachée la proie et la murène va la chercher. La murène essaie d'attraper le poisson dans la crevasse et s'il se trouve que la proie s'échappe en pleine eau le mérou pourra l'attraper. C'est le seul exemple connu de coopération de chasse entre deux espèces animales, si l'on exclut l'exemple malheureux de l'humain et de ses animaux de chasse. Ils apprennent ces techniques en observant d'autres animaux le faire mais il a bien fallu qu'ils réfléchissent eux-mêmes à un moment donné pour découvrir ces techniques. Cela est un exemple clair de sentience développée chez les poissons. Cette vidéo est disponible sur le site web d'Alison.

En dehors des vertébrés, des données montrent une sentience sur des crustacés. Il y a une recherche indépendante qui montre que des crabes et crevettes réagissent à des situations douloureuses. Par exemple, ces animaux cherchent des abris pour se protéger mais si dans des abris ils reçoivent des chocs électriques, ils n'y retournent pas. La douleur affecte bien leur mémoire.

En Angleterre, une entreprise a développé une méthode plus douce pour tuer ces animaux plutôt que de les faire bouillir vivants.

Les céphalopodes sont capables de naviguer dans des labyrinthes compliqués pour trouver leur nourriture, leurs émotions sont traduites par des changements de couleur, comme nous !

Le bien-être des poissons dans la pêche commerciale


a) au cours de la prise

Ils souffrent lors de la capture sous le poids énorme d'autres poissons. Un certain nombre d'entre eux meurent avant d'avoir été remontés à bord. Ceux qui sont ramenés des eaux profondes souffrent de lésions internes à cause de la décompression, en particulier, les morues. Certains sont entassés par une seine (sorte de filet), de grands poissons comme les grands thons sont amenés par des harpons.

b) après la prise

Après la capture, ils ont de grandes chances de souffrir d'asphyxie. Les pêcheurs n'abattent pas les poissons, ceux-ci meurent d'eux-mêmes du procédé même de la capture. En plus, ils subissent l'éviscération à vif.
Les poissons sont aussi placés dans de l'eau froide ou sur de la glace pour être congelés vivants.
Le traitement des poissons qui sont pris incluent ces quatre points.

Les informations que j'ai trouvées ne sont pas agréables. Des chercheurs néerlandais ont trouvé les choses suivantes. La plupart des poissons pris dans de chaluts sont encore vivants quand on les ramène à bord et ils ne perdent connaissance que longtemps après. Les harengs et les morues restent conscients entre une heure et quatre heures. Les animaux très actifs dans l'eau comme les harengs et les thons mourront plus rapidement. Par contre, les animaux qui se situent sur les fonds et se déplacent lentement, qui sont habitués à vivre sur peu d'oxygène mettront plus de temps à mourir. Quand les animaux sont éviscérés vivants, il vivent également pendant longtemps. La méthode pour éviscérer les harengs enlève les branchies en même temps que les intestins.

Des personnes antispécistes sont allés sur des bateaux de pêche et on trouvé des poissons vivants quelques heures après leur prise. Au Pays-Bas il y a des pressions pour développer de nouvelles méthodes de pêche. La première chose est que les scientifiques néerlandais ont demandé à des pêcheurs de trouver des manières plus douces de faire cela. Un encéphalogramme a détecté qu'une morue qui semblait morte était encore vivante sans que cela se voie, deux heures après le débarquement. Ils ont développé des méthodes d'étourdissement électrique et des méthodes de découpe moins douloureuse. Il est plus facile de découper un poisson immobile, qui ne bouge plus. Nous espérons que ces méthodes commenceront à être développées par des pêcheurs car elles réduiront la souffrance, sans l'éliminer, bien entendu.

c) impact sur les poissons utilisés comme appât

On décrit la méthode de pêche à la canne longue comme étant une méthode plus durable, plus soutenable car elle inclut moins de prises secondaires. Très souvent, cette méthode implique de jeter des poissons vivants comme appâts au milieu d'un ban de thon. Il arrive que ces poissons sont des poissons de corail et qui ne sont pas habitués à être jetés en pleine mer. Les thons essaient de prendre les poissons mais mordent à l'hameçon. La méthode est plus douce pour le thon mais pas pour les poissons appâts. Une fois pris sur le pont, on laisse les thons s'asphyxier. On voit qu'ils sont actifs et essaient de s'échapper de manière frénétique.

Vidéo de pêche à la canne longue illustrant le propos

C'est encore pire quand on empale les appâts vivants sur l'hameçon, les poissons empalés restent dans l'eau de longues heures. Un certain nombre de ces poissons seront encore vivants quand on les ramènera à bord et on les pêchera une seconde fois.

d) nombreux animaux impliqués

Non seulement, les poissons souffrent beaucoup mais en plus, ils souffrent de façon énorme. Alison a calculé le nombre d'animaux qui meurent chaque année. C'est de l'ordre de mille milliards de poissons.
Elle a abouti à ce nombre en partant des chiffres de la FAO, du nombre de tonnes de poissons pris.
Par exemple, chaque année il y a 33 000 tonnes de loups de l'Atlantique qui sont pris. On trouve ce chiffre sur le web. La base moyenne du poisson est de 6,8 kg et cela donne 5 millions de loups de l'Atlantique pris par an.
Pour le vivaneau à peau jaune, le site de la FAO est de 6 000 tonnes, ils pèsent de 550 grammes à 2 kg, l'estimation sera entre 3 et 9 millions d'individus. Pour la plupart des poissons, le résultat de ces calculs est encore une fourchette. L'anchois péruvien a une masse individuelle très petite (pèse 10 à 30 grammes) alors qu'on en prend en moyenne 9 millions de tonnes ; la plupart d'entre eux sont pêchés pour faire de la farine ou de l'huile de poissons. Pour l'élevage des saumons, on a besoin d'huile de poisson, de poissons sauvages pour leur nourriture. Il peut être nécessaire d'avoir 14kg de poisson sauvage pour produire un seul kg de saumon. Le nombre de poissons nécessaire pour nourrir un seul saumon d'élevage tend à diminuer mais les supermarchés promeuvent le saumon en disant qu'il est riche en oméga-3. On encourage les gens à ne pas consommer les saumons d'élevage, d'autant plus que l'élevage des saumons est de l'élevage intensif.

Solutions pour réduire le nombre de poissons pris et la souffrance au cours de la prise et lors de l'abattage

On peut essayer de réduire les prises incidentes et la pêche illégale, mais aussi concevoir des outils de pêche moins cruels.
On peut aussi prendre moins de poissons de manière à leur permettre de grossir plus. On peut également réduire la pêche pour la farine et pour servir d'appât. Beaucoup de personnes seront d'accord avec ces trois objectifs. Une autre idée est d'avoir des réserves marines. Des conservateurs aiment cette idée car cela protège les poissons à l'intérieur de cette réserve. Étant donné qu'il n'y a pas assez de poissons disponibles pour nourrir la population humaine en expansion, il faut trouver des alternatives à la consommation de poissons.
Si les poissons disponibles étaient répartis de la même manière dans la population humaine, il ne serait possible de manger des poissons pour chacun seulement deux fois par mois. Beaucoup des poissons pêchés sont pour la consommation des poissons d'élevage ou sont des prises incidentes, chaque être humain ne pourrait manger que quelques kilogrammes de poissons par année.

Pour réduire la consommation des poissons :
1/ dire qu'il n'est pas juste d'utiliser des appâts vivants
2/ réduire la capture des poissons, ce qui améliorera leur qualité
3/ trouver des équipements pour réduire le stress et les blessures lors de la capture
4/ trouver de meilleurs moyens pour amener les poissons à bord
5/ réduire les prises incidentes

L'abattage

En terme d'abattage, deux méthodes traditionnelles existent :
- l'étourdissement par percussion → on frappe sur la tête avec des instruments en plomb, en Angleterre on appelle cet instrument « un prêtre ».
- la destruction du cerveau par une tige, un instrument pointu.
Pour l'abattage en nombre, il y a des méthodes nouvelles pour rendre le poisson inconscient immédiatement :
pour les saumons, système de percussion automatique pour le rendre inconscient
pour les truites, des méthodes d'électrocution, dans l'eau pour les rendre inconscientes
des anesthésiants, comme l'huile de clous de girofle, qui rendrait inconscient.

La pisciculture

Quand on parle du bien-être dans les élevages, on aborde cinq points :
- pas de faim ni de soif
- absence de douleur, blessure, maladie
- absence de peur et de détresse
- absence d'inconfort
- liberté d'exprimer son comportement normal

Un saumon britannique est peut-être allé jusqu'en Islande alors qu'en élevage, il est dans une cage et il ne peut que tourner en rond. Il nage malgré tout car il en a besoin pour pouvoir respirer, avoir un flux d'eau sur ses branchies.
Le flétan de l'Atlantique est un poisson solitaire. Dans les élevages, il doit supporter la surpopulation et a des réactions d'agressivité pour défendre son territoire.

Au niveau mondial, on élève plein d'espèces mais on ne comprend pas grand chose de leur écologie et de leur éthologie. Nous causons beaucoup de souffrance par notre ignorance. En Asie et dans la plus grande partie du monde, la plupart des poissons pêchés sont végétariens ou omnivores. En Europe, tous les poissons que nous élevons sont carnivores. C'est cela qui explique la grande masse de poissons qui ont besoin d'être pris pour nourrir les poissons carnivores.

En raison de la surpopulation, de la mauvaise qualité de l'eau, mettre beaucoup de poissons au même endroit implique que les poissons seront victimes des parasites, connaîtront un niveau élevé de stress social. Aux États-Unis, les poissons-chats sont les plus élevés. Comme la pisciculture est une activité récente, il y a un taux de mortalité élevé. Parmi les animaux terrestres, seul l'élevage de lapins atteint un tel taux de mortalité. Au Vietnam, il y a un élevage très développé à destination du marché des États-Unis et pour l'Europe. Malheureusement, pour ces poissons-chats, ils peuvent respirer l'air. Quand on les maintient dans des conditions si intensives, on crée une mortalité élevée : densité de 44 individus/m² ce qui a pour conséquence une mortalité de 20 à 25%.
Selon les experts, la plupart des méthodes utilisées pour tuer des poissons sont des méthodes d'abattage inhumaines. Elles ne sont pas considérées comme acceptables.
Les carpes élevées dans l'UE (surtout dans l'Europe de l'est) sont souvent vendues vivantes au consommateur ; elles peuvent donc subir :
- un transport prolongé hors de l'eau
- l'asphyxie
- etc.

On estime entre 37 et 120 milliards le nombre d'animaux élevés et tués dans la pisciculture. 63 milliards de mammifères et d'oiseaux sont tués chaque année pour la nourriture.
À cela, il faut rajouter les poissons pêchés pour nourrir les poissons d'élevage. La quantité de souffrance qu'on trouve dans la pisciculture est énorme. Pour réduire leur souffrance, la première chose est de comprendre leurs besoins et viser la satisfaction de leurs besoins éthologiques. Il y a des évolutions positives dans le monde. Pour beaucoup d'espèces, les scientifiques ont développé des techniques différentes donc le pays où il y a le plus de pisciculture est la Norvège et dans ce pays des lois ont été votées pour réduire la souffrance des poissons d'élevage. Des lignes directrices de l'OIE recommandent l'utilisation de méthodes d'abattage plus humaines.

Il faut 1/ persuader les gens qu'il existe un problème du bien-être des poissons d'élevage ; 2/ qu'il faut réduire le nombre de poissons pris par respect pour ces êtres sentients ; 3/ réduire la pêche industrielle pour la production de farine de poissons qui est à la base de cette chaîne de cruauté ; 4/ réduire la souffrance au cours de la prise en cessant d'utiliser les pires méthodes de capture et en réduisant la durée de la souffrance (cf. site web de black fish ; 5/ trouver des méthodes moins cruelles pour pêcher les poissons  ; 6/ mais également pour les élever ; 6/ mais surtout il faut trouver des méthodes pour remplacer les poissons dans l'alimentation afin de ne plus les pêcher.

Discussion avec le public


Thomas : Comment articulez-vous la prise en compte de la valeur de la vie des poissons en elle-même ("fish count"), qui implique de s'intéresser à l'importance pour eux-même de continuer à vivre dans le milieu qui est le leur et de développer des relations avec leurs pairs, avec un discours centré sur la simple absence de douleur lors de leur abattage ?

Phil : C'est une bonne question. C'est la même approche que celle du CIWF. Elle apprécie toutes les personnes qui pensent qu'il faut diminuer la consommation de poissons ou trouver des méthodes plus humaines pour les consommer. Les personnes qui lisent leur matériel peuvent décider d'elles-mêmes. Ainsi, nous ne nous coupons pas d'une partie de notre auditoire.

Alison : Nous avons vu à la TV l'éviscération à vif des poissons. Il s'agissait d'un programme qui commente les questions de bien-être dans les élevages, mais là, ils n'ont pas fait de commentaires, ce qui nous a choqués. J'ai écrit plusieurs lettres à des sociétés de bien-être aux États-unis et me suis rendue compte que personne ne s'occupe du bien-être des poissons. Un certain nombre de groupes de droits des animaux incluaient les poissons dans leurs conversations sur le végétarisme mais personne ne parlait du bien-être des poissons.

Mathilde : Vous avez beaucoup parlé des techniques de pêche et de l'asphyxie des poissons quand ils remontent à la surface. Même en pêchant les poissons de manière douce, on ne pourra pas changer des faits physiques. Il y a des variations de pressions énormes. Les poissons qui vivent à forte profondeur ont les yeux qui explosent car ils sont remontés trop vites. Il n'y a pas d'autre choix que d'arrêter de les pêcher.

Phil : Les antispécistes ont de très bons arguments contre la pêche. Le problème spécifique qui concerne les poissons au fond comme les morues ne s'applique pas à tous les poissons. Certains poissons explosent mais tous les poissons souffrent de par leur capture.

Alison : Si on conçois la manière la plus humaine de prendre les poissons, ce sera par le piégeage dans des filets où le poisson restera dans son milieu ou alors quelque chose comme la pêche à la ligne longue sans utilisation d'appât. La pêche au chalut va se poursuivre pendant un certain nombre d'années et on ne peut que trouver des manières plus humaines de les tuer une fois qu'ils seront à bord.

Phil : Pour résumer, en tant qu'antispéciste, je préfèrerais qu'on ne mange pas d'animaux. En tant qu'utilitariste, mon but est de promouvoir des méthodes qui limitent la souffrance des poissons au cours de la capture.

Virginie : Est-ce que le bien-être des poissons compte dans les pays asiatiques puisque la plupart des poissons sont consommés en Asie ?

Phil : L'Asie est le pays où il y a le plus de poissons produits par pisciculture mais pas forcément celui où on en consomme le plus. Un mouvement naît dans les pays asiatiques : des personnes se préoccupent des droits des animaux, du bien-être des poissons. Dans tous les pays du monde, des gens se soucient du bien-être des animaux.

Élodie : Merci pour votre présentation. En France, on n'a aucune image de pêche, comment avez-vous fait pour les obtenir ?

Alison : Toutes les images que j'ai utilisées sont du domaine public. Beaucoup d'images ont été trouvées dans une bibliothèque américaine «  Noaa ». Si vous voulez des images, vous pouvez me le demander par mail. Il y a aussi le site web flickr qui a beaucoup d'images que j'ai utilisées. Une autre méthode est de demander à un pêcheur de monter à bord pour pouvoir prendre des photos. En Angleterre, on a beaucoup de programmes à la TV qui parlent de la pêche, des chalutiers et on trouve des images à utiliser.

Yves : Merci beaucoup pour votre énorme travail, notamment le comptage fait par Alison pour le comptage qui est une tâche énorme. Est-ce que le CIWF va mettre une priorité sur la question des poissons et si oui quel type d'action va-t-il mettre en œuvre ?

Phil : Le CIWF ne s'occupe que des animaux d'élevage donc ils ne s'occuperont pas de la pêche commerciale. […] Fishcount vise à fournir à l'information aux groupes qui peuvent mener campagne sur ces questions.

Yves : Avez-vous des stratégies d'action ?

Phil : Nous avons fait campagne contre l'ouverture d'une grande ferme de poissons. Il est clair qu'il y a beaucoup de choses à faire en terme d'action. La SPA britannique a créé un label de poissons d'élevage élevés dans des conditions humaines.

Flavien : Je me permets d'insister sur les images. Elles sont d'une qualité médiocre. Êtes-vous satisfaits de ces images ou encouragez-vous les ONG à chercher d'autres images ?

Phil : La seule chose que je dirais est que si vous partez faire des images, ne prenez pas de risques personnels mais vous avez raison de dire qu'il y a un grand manque de matériel de qualité dans ce domaine.

Une participante : Collaborez-vous avec Sea Sheperd ou Greenpeace ?

Alison : Il n'y a pas eu beaucoup de coopération. J'ai eu l'autorisation de diffuser quelques images de Greenpeace. Sea Sheperd pourrait être plus intéressé car il se voit comme étant préoccupé par le bien-être mais ce serait une très bonne chose si nous pouvions avoir plus de coopération.

Yves : Concernant HSUS, est-ce que le sujet des poissons est quelque chose qui les préoccupe ?

Alison : HSUS a probablement plusieurs rapports sur la question du bien-être des poissons d'élevage. Il est bien possible qu'ils soient de notre avis, ils ont essayé d'abolir la méthode de découpe des poissons. C'est une excellente organisation.

David : Il y a une contradiction quand on dit « on va pêcher plus de poissons pour pouvoir les tuer plus longtemps » alors qu'on devrait se dire : « on va en pêcher plein comme ça il n'y en aura plus et ça va s'arrêter ».

Phil : En 1978 Clive Owen (?) a dit qu'il fêterait le jour où mourrait la dernière baleine car ce jour-là la souffrance des baleines cesserait. D'un autre côté, je souhaite qu'il continue à exister des baleines qui puissent jouir de leur vie. Concernant les poissons, plus nous en prenons, moins il y a des poissons dans la mer. Au fur et à mesure de la pêche,lors des prises, le tonnage baisse mais le nombre d'individus augmente. Si nous pêchons moins, nous pêcherons une masse plus importante mais le nombre d'individus sera moindre. En travaillant avec des organismes de conservation, on pourra diminuer à terme les poissons qui sont pêchés.

Flavien : J'avais la même idée que David, je me disais que la surpêche vidait les océans et que ce n'était pas plus mal mais je m'attendais à ce que vous abordiez l'élevage dans votre réponse.

Yves : Vous excluez que dans les années à vivre il va y avoir un grand mouvement politique qui remettra en question la légitimité de la pêche ?

Alison : S'il y a réduction de la consommation de poissons en Europe, il reste la consommation dans des pays asiatiques.

Phil : Mon expérience est qu'un certain nombre de personnes sont ouvertes à la question antispéciste et sont même repoussées par cette question. C'est une des raisons pour lesquels je parle de la diversité des opinions philosophiques pour la mettre en relief. Il est possible que le mouvement antispéciste ait une influence sur 5 à 10% de la population (j'espère que les personnes plus optimistes que moi ont raison) mais il faut aussi travailler sur le bien-être car des personnes sont ouvertes à des questions de bien-être sans être antispécistes.

Hélène : Il manque, une fois de plus, un aspect très efficace car il a fait ses preuves en Asie. Ching Hai est d'une force de conviction extraordinaire, elle a créé une chaîne de restaurant « Loving Hut » qui fait la promotion de nos idées. Il faut rappeler que la spiritualité compte aussi, au même titre que les idées philosophiques.

Une participante : Je vous remercie pour cette conférence. D'après vous, pourquoi l'Angleterre est en avance par rapport à la France et quels conseils donneriez-vous aux associations françaises ?

Phil : C'est une question difficile. Chaque pays est différent par rapport à sa culture. Je suis impressionné en France d'être devant un groupe de personnes qui se soucie de cette question. Chaque pays a sa propre approche. Les personnes qui importent le plus sont celles qui commencent la chose et arrivent à convaincre d'autres personnes. Les Français ont la même capacité de compassion que n'importe quel autre peuple.

[La discussion se poursuit longuement.]