Compte-rendus des Estivales 2005

Compte-rendu communiqué à la presse

La 4e édition des Estivales de la Question Animale s'est tenue à Saint-Julien-Molin-Molette (Loire) du 6 au 13 août 2005. Cet événement annuel réunit des personnes d'horizons les plus divers (militants, intellectuels, particuliers, etc.) afin d'échanger leurs multiples points de vue sur la question animale: approches philosophiques ou artistiques, stratégies militantes, connaissances scientifiques, etc.

Chaque journée comporte deux débats précédés de présentations. Cette année encore, la douzaine de débats a couvert une grande diversité de thèmes, dont en particulier:

  • la souffrance des animaux dans les cirques
  • la question de l'expérimentation sur les animaux
  • l'écologie défend-elle réellement l'animal ?
  • parcours personnel d'un photographe animalier devenu végétarien

Les débats étaient complétés, en soirée, de projections de vidéos (problème du gavage pour le foie gras, ...), lecture de textes, chansons (prestation de Michèle Bernard) ainsi que d'échanges informels entre les participants dans le cadre des repas végétaliens pris en commun sous un chapiteau en bordure de ruisseau.

Le jour du départ, les participants végétariens, nombreux, se sont donnés rendez-vous pour la prochaine Veggie Pride, manifestation annuelle de végétariens pour les animaux, qui aura lieu le 20 mai 2006 à Paris.

La 5e édition des Estivales de la Question Animale se déroulera en août 2006.

Pour plus d'informations: www.question-animale.org ou 06 20 17 01 04.

Compte-rendu de David Olivier

Voilà, une semaine après la fin des Estivales 2005, mon compte rendu personnel. Il est difficile de traduire la richesse de ce type de rencontres, où pendant toute une semaine on est entourés de gens pour qui les animaux comptent, et dont la majorité ne les mangent pas, et qui considèrent comme important de discuter, de chercher, développer et confronter des idées.

Je rappelle d'abord que les Estivales de la Question animale sont des rencontres organisées chaque année sur une semaine début août, où sont invitées toutes les personnes qui veulent débattre de la question animale, c'est-à-dire du statut éthique, politique, poétique, scientifique ou autre des êtres sensibles.

Extrait du site Web :

Nous souhaitons que les Estivales deviennent une université d'été où puissent échanger tous ceux qui s'intéressent aux animaux, à quelque titre que ce soit (militants, journalistes, chercheurs, simples particuliers...), un lieu où l'on puisse s'informer et débattre librement de tout ce qui s'y rapporte, sans aucune exclusive quant aux positions défendues.

Nous voudrions que cette université d'été contribue à faire du statut des animaux, de nos devoirs (ou absence de devoirs) envers eux, l'objet d'un débat sérieux dans la société humaine. Nous aimerions que ce débat soit éclairé tant par les connaissances que peuvent apporter la philosophie ou les sciences («dures» et «molles»), que par les expériences vécues de rapports avec les animaux ou de rapports entre humains à propos des animaux.

Les Estivales cette année se sont déroulées du 6 au 13 août à Saint-Julien-Molin-Mollette dans le massif du Pilat, près de St-Étienne. Ce village compte un grand nombre d'artistes de tout poil, et nous avions été invités par l'une d'entre eux, e.n.o.s., ce qui fait qu'outre les thèmes habituels ont été abordés quelque peu des thématiques artistiques, et que le courant a plus facilement passé avec la population du lieu.

Voici donc mon compte rendu.

D'abord le nombre. Je ne sais pas combien de personnes sont venues, en tout, mais nettement plus que les autres années. Près d'une soixantaine, peut-être, en tout! (Sans compter les gamins de la colo et leurs moniteurs, ni les non-humains.)

Ça me semble le signe d'une bonne croissance des Estivales, et de l'intérêt que suscite la question animale. Le fait aussi qu'on ait maintenant la perspective de pouvoir «s'installer» dans un lieu fixe d'année en année, avec des relations assez fortes avec les autochtones, accueillants et sympathiques, me semble aussi un facteur d'«institutionnalisation», susceptible d'en faire un événement reconnu. D'une certaine façon, le fait d'avoir cette stabilité peut nous permettre d'élargir nos horizons avec plus d'audace. Bon, c'est pas clair pourquoi, c'est juste intuitif. Je ne veux pas là faire un hymne traditionnaliste à l'enracinement!

(Ceci dit, tout le monde n'était pas très chaud pour refaire l'année prochaine à SJMM, alors que personnellement c'est ce que je préférerais.)

Question atmosphère, ces 4e Estivales m'ont semblé moins conviviales que les trois éditions précédentes. Peut-être le nombre, peut-être la disposition des lieux, avec un hébergement éclaté. C'est apparu de manière frappante le dernier soir, quand on a regardé le film tourné par e.n.o.s. l'année dernière, où on voyait les estivaliers faire de la musique et s'amuser. Nous avons tous (même ceux qui n'y avaient pas été) été submergés par une vague de nostalgie kitch. D'un autre côté, la convivialité était liée au sentiment de faire partie d'un groupe. Or aux Estivales, on n'est pas forcément un groupe, pas forcément tous d'accord, etc... C'est peut-être logique et nécessaire que cette convivialité tende à s'effriter.

Dans les interventions de plusieurs personnes lors de la réunion de bilan, j'ai perçu une envie d'aller vers quelque chose de plus intégré, de plus «pédagogique», visant à amener les gens du public à s'intéresser à la question animale, à amener les gens déjà militants à se rapprocher du point de vue antispéciste... Je ne pense pas qu'il faille envisager les Estivales ainsi. Je peux être d'accord avec certaines des propositions faites, comme des journées moins denses, permettant aux gens d'aller au café ou se baigner, mais je n'aurais vraiment pas envie que les activités elles-mêmes fassent partie du programme! Je suis d'accord aussi pour faire un effort pour intéresser les autochtones (les différentes sortes d'autochtones), mais cela n'est pas pour moi le centre des Estivales.

En fait, par plusieurs aspects, je trouve que ces Estivales 2005 constituent un bon équilibre: une convivialité non obligatoire, une gamme d'hébergement convenant à tout le monde, une large palette d'interventions, certaines correspondant à des campagnes sectorielles (Frank Schrafstetter), des analyses historiques pour la première fois (Agnese, Cecile Goubet), des thématiques chères aux antispé cahiétoïdes (sur l'écologie), d'autres au contraire développant des points de vue nettement différents (Guy Bortolato, Jean-Claude Hubert), un film très intéressant sur l'INRA, la présence d'un point de vue artistique... Il y a eu des militants engagés et habitués des Estivales, d'autres complètement novices ou non motivés; certains sont restés la semaine, d'autres seulement un ou deux jours... Il y avait là beaucoup plus de personnes non végétariennes que les autres années, ce qui est en soi une bonne chose, et correspond au projet. Des gens venus de loin, des autochtones, Il n'y a pas vraiment de profil type, ni d'intervention type, et je trouve que cette diversité est vraiment positive.

En même temps, beaucoup des interventions et autres événements me laissent un goût de superficialité, de manque de possibilité d'approfondir. Pour la question artistique, je n'ai pas été enthousiasmé ni par ce qui nous a été présenté, ni par les possibilités de dialogue.

Le gros point fort des interventions est à mon avis le projet exposé par Antoine de lancer publiquement la revendication de l'abolition de la viande. En même temps, c'est un peu hors-Estivales, dans la mesure où (si je ne me trompe) l'idée lui était sans doute venue bien avant Estivales, qui ont seulement été le lieu d'annonce. J'ai été un peu déçu par les réactions de beaucoup d'estivalliers, ainsi que par celles qu'on voit maintenant sur les listes, mais c'est sans doute logique. Mais là encore, un sentiment de superficialité.

(Mais peut-être suis-je le seul à avoir ressenti cette impression de superficialité; c'est aussi que j'ai passé la semaine à me demander ce que j'allais bien pouvoir dire dans mon intervention du vendredi, et ça plus d'autres préoccupations m'ont un peu déconnecté.)

À propos de l'organisation pratique, j'ai eu beaucoup un sentiment de miracle. Il y a eu peu d'annonces et discussions collectives sur l'organisation, et pourtant elle s'est faite «toute seule», du moins c'est l'impression que ça m'a laissé. Sans doute que du point de vue de certaines personnes, elle ne s'est pas faite «toute seule»! Et là je pense qu'il serait bon d'avoir une organisation plus serrée, plus collective, qui implique mieux tout le monde, avec des moments de discussion publique. Je pense que nous ne devons pas vouloir que tout le monde soit sur la même longueur d'onde sur le plan des idées ou des motivations, mais il me semble normal de demander que nous formions un groupe sur le plan matériel, dans la mesure où de fait tout le monde mange ensemble et partage quelques autres tâches. Peut-être que par cette intégration matérielle des gens on peut arriver à créer un sentiment de convivialité non étouffante, non factice, non basée sur de faux consensus. La démocratie du travail, disait Wilhelm Reich.

Je passe à quelques points sur les différents événements et thématiques. Je mets des liens vers les photos des réunions, quand il y en a, parce qu'hier j'ai remâchouillé le site pour y intégrer les photos avec des scripts php pour que ça s'intègre dans le style graphique du site et que ça vous donnera l'occasion d'applaudir.

Le film de Bruno Thomé (dimanche 7 matin).

Cf. la page consacrée.

La présentation du Movimento Antispecista (dimanche 7 après-midi).

Cf. la page consacrée.

Frank Schrafstetter sur le cirque (lundi 8 matin).

Cf. la page consacrée.

Agnese Pignataro, sur Descartes et les penseurs qui l'ont critiqué (Bayle, La Mettrie, Maupertuis) (lundi 8 après-midi).

Cf. la page consacrée.

Frank Schrafstetter sur l'expérimentation animale (mardi 9 matin).

Cf. la page consacrée.

Antoine Comiti, sur l'esclavage (mardi 9 après-midi).

Cf. la page consacrée.

Cécile Goubet sur Buffon (mercredi 10 matin).

Cf. la page consacrée.

Guy Bortolato, les ours et les enfants (mercredi 10 après-midi).

Cf. la page consacrée.

Jean-Claude Hubert et le CVN (jeudi 11 matin).

Cf. la page consacrée.

Jocelyn Peyret et Yves sur l'écologie (jeudi 11 après-midi).

Cf. la page consacrée.

Moi sur la démocratie et q.a. (vendredi 12 matin).

Cf. la page consacrée.

Les diverses interventions artistiques (plusieurs soirées).

Elles ne m'ont pas laissé un souvenir très fort. J'ai raté Michelle Bernard, ce que je regrette pour des raisons personnelles, mais il me fallait préparer mon intervention. J'ai décroché lors de la lecture d'un texte par Joëlle Jail, mais c'est surtout moi qui ai des pb d'attention et de fatigue. D'autres l'ont bien aimé, mais je n'ai pas l'impression d'un rapport évident avec la question animale. Idem pour le texte de Bijou. Quant aux films présentés le dernier soir, j'ai trouvé celui de Dae Bum très problématique (faire souffrir une mouche), et très problématique notre incapacité à enclencher un dialogue, à faire un pont avec les questions «artistiques». Le film d'e.n.o.s. ne faisait souffrir personne, mais là aussi j'ai eu du mal à faire le lien.

Je crois que la question artistique est importante, mais qu'il ne suffit pas de la juxtaposer avec la question animale pour qu'il se passe quelque chose. Il y a aussi une dose très forte d'humanisme et d'idéologie dominante dans l'art, et si on n'ose pas critiquer cela, on en restera à sourire et à dire oui oui j'ai aimé (ou pas).

Réunion bilan (vendredi 12 après-midi).

Cf. la page consacrée.