Marine Lercier - [ANNULÉE] Les animaux sauvages : éternels oubliés de la protection animale. À quand une interdiction de la chasse en France ?

Conférence annulée.

Par Marine Lercier, juriste française spécialisée en droit international et de l’Union européenne, droits de l’homme, justice transitionnelle et droit du bien-être animal ; doctorante en droit international et sécurité humaine – droit animalier à l’université autonome de Barcelone.

La filière chasse génère chaque année plus de 2 milliards de revenus selon la Fédération nationale des chasseurs, représentant d’importants intérêts économiques, malgré une contestation bien présente dans la société française à l’égard de ce « loisir ». Mais combien coûte-t-elle à la société en termes de dégâts environnementaux et de vies volées ? Ils seraient entre 800 000 et 1,2 million en France selon les estimations, soit 2 % seulement de la population. Alors, à qui donne-t-on le permis de tuer ? Des voix s’élèvent pour mettre un terme à l’impunité de ces quelques centaines de milliers qui font vivre un enfer à des êtres sensibles dont le territoire s’amenuise toujours davantage, perturbé par les activités humaines et la destruction de leurs habitats.

D’un côté, il y a les animaux destinés à la consommation humaine, élevés pour être abattus dans des abattoirs autorisés et selon des procédures réglementées, bien qu’imparfaites ; de l’autre, il est interdit de blesser ou tuer un animal domestique sans nécessité, même par maladresse. Hors des sentiers battus de l’industrie agro-alimentaire, la mise à mort volontaire d’un animal « sans raison » choque les consciences et ne saurait être légitimée. Cependant, une anomalie juridique persiste encore, aux côtés d’autres vestiges de la « tradition » et de la « culture » : la pratique légale de la chasse comme « sport ».

Tandis que l’intention et l’acte de causer la mort et/ou la souffrance d’un animal et d’y prendre un certain plaisir constituent l’infraction pénale de sévices graves et actes de cruauté à l’égard des animaux domestiques, ce même acte répréhensible est autorisé à l’égard des créatures vivant à l’état sauvage. Pourquoi une telle différence de régime entre animaux sauvages et animaux en captivité, alors que tous sont des « êtres sensibles » ?

En l’absence de toute protection des animaux sauvages, certains étant même qualifiés de « nuisibles » qu’il faut « détruire », ils sont la cible d’attaques répétées et peu ou mal encadrées, qui les blessent ou les tuent dans des souffrances indicibles et une absence totale de dignité et de compassion – car ce sont la propriété et la détention qui fondent la protection de l'animal en droit. Le bien juridique protégé dans la société doit évoluer pour accorder à tous les animaux, sentients, qu’ils soient domestiques ou sauvages, l’égalité dans la protection contre les actes les plus cruels, inutiles et injustifiés : l’exception à la pénalisation de la cruauté doit cesser.

Si c’est une tradition de tuer, alors il faut être fier de s’en émanciper. Dans la province de Zamora en Espagne, on lançait encore il y a peu des chèvres du haut d’un clocher, en l’honneur du passé… La tradition, devenue un véritable fourre-tout pour ceux qui n’ont plus d’excuses à leur comportement, est régulièrement brandie comme « valeur » inamovible face à la menace du changement. Pas touche ! nous dit-on. À Manganeses de la Polvorosa, on a pourtant su remplacer la chèvre par un artefact ; les chasseurs pourraient-ils utiliser des proies factices pour s’amuser le dimanche ?

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